BRASSICACEES. Formes variables des caractères constants.
Feuilles:
limbe entier ou diversement denté, découpé, jusqu'à pennatiséqué;
isolées ou toutes radicales (rosette), parfois auriculées, embrassantes (amplexicaules);
si la plante porte des poils ils peuvent être simples, ramifiés, bifides (en navette), tri- ou plus-fides en étoile.
Fleurs:
périanthe:
sépales: les 2 sépales extérieurs sont parfois gibbeux à la base (Aethionema,
Farsetia, Malcomia, Matthiola, ...), au point
parfois de former un éperon (Biscutella cichorifolia).
les sépales sont dressés (appliqués contre les onglets des pétales) soit "calice fermé" selon l'expression de [FE]
ou étalés (en étoile à la base des pétales) soit "calice ouvert"
ou dans une position intermédiaire (à demi étalés);
ils sont souvent concolores des pétales.
pétales: les pétales ont un limbe entier ou échancré (Iberis) ou profondément bifide (Berteroa incana, Erophila verna).
Dans les inflorescences en corymbe les pétales du pourtour sont parfois plus grands que les autres (Iberis, Teesdalia)
Quelques espèces ont des pétales avortés (Lepidium ruderale, Cardamine impatiens).
androcée:
il existe quelques cas d'avortement des étamines latérales. Lepidium ruderale n'a que 2 étamines, Lepidium virginium: 2-4 étamines,
Cardamine hirsuta: 2 étamines.
Autres variantes:-filets des étamines courtes munis d'une dent à la base (Farsetia)
-filets des étamines longues ailés et dentés (Aethionema, Clypeola).
-filets des étamines longues présentant un renflement vers le milieu: Kernera
-filets munis à la base d'une écaille blanche (Teesdalia) ou de 2 soies (Alyssum calycinum).
gynécée:
La fausse cloison peut être incomplète, fenêtrée ou absente (Isatis, Clypeola, Crambe, Calepina, Neslia, Peltaria).
Le stigmate est entier (capité, discoïde ou tronquée) ou plus ou moins bilobé, bifide (deux petites lames conniventes : Hesperis, Malcomia).
Fruit.
Ce sont les
variantes du fruit qui différencient principalement les genres de la famille des
Brassicacées. Il est pratiquement impossible de déterminer
une Brassicacée si l'on ne dispose pas d'un fruit mûr.
Les flores
traditionnelles démarrent leurs clés de détermination par la distinction entre
SILIQUE et SILICULE selon que le fruit est, respectivement,
plus de ou moins de trois fois aussi long que large. Cette
distinction, mélangée à la notion de déhiscence, me parait insuffisante et
artificielle car elle ne rend pas compte de l'organisation
interne du fruit et prête à confusion. J'ai préféré utiliser le découpage suivant :
- fruits à 1 seule loge, quel que soit le nombre de graines;
- fruits à plusieurs loges superposées (2, 3, 4 et plus)
- fruits composés de 2 loges verticales soudées et séparées par une fausse cloison : le replum. Dans cette configuration le fruit, qu'il soit silique ou silicule (selon sa longueur relative), est à déhiscence paraplacentaire : il s'ouvre par 4 fentes situées de chaque côté des placentas. Les valves (parties stériles ainsi déterminées) se décollent et se soulèvent de bas en haut . Les graines restent attachées au cadre placentaire qui entoure le replum (épais ou membraneux-translucide). Les graines (s'il y en a plusieurs) devraient donc être théoriquement disposées sur 2 rangs, de chaque côté de la fausse cloison, mais le plus souvent les graines des 2 placentas dans une même loge alternent sur un seul rang. Il arrive même que les graines des deux loges soient imbriquées dans un alignement commun. Le replum prend alors une forme sinueuse. Dans le genre Raphanus le replum va jusqu'à se transformer en cloisons transversales délimitant ainsi autant de logettes à 1 graine qui se sépareront à maturité: le fruit est lomentacé, indéhiscent mais fractionnable. J'ai considéré ce fruit comme étant composé de plusieurs loges disposées à la verticale (il n'y a ni replum, ni valves, le fruit est indéhiscent).
Les fruits sans valves, à loges en étages, qu'ils soient silique ou silicule (selon leur longueur relative), sont bien évidemment indéhiscents. Je les ai placés en tête des clés de détermination.
Si la section transversale du fruit est ronde le fruit est cylindrique ou globuleux.
Les fruits à 2
valves contiguëes peuvent être comprimés latéralement, la cloison est étroite et
le fruit est angustisepté, ou comprimé
perpendiculairement à la cloison qui devient large : le fruit
est alors latisepté.
Les valves sont sans nervures ou marquées d'une, deux, trois,...nervures dorsales longitudinales, plus ou moins complètes.
Dans quelques cas la nervure dorsale médiane est si épaise qu'elle
donne à la section transversale de la silique (surtout si celle-ci est comprimée)
un aspect quadrangulaire (losangique). J'avais d'abord pensé utiliser ces variantes dans les clés de détermination des
genres; mais les nervures ne
sont pas toujours très nettes et
les descriptions font parfois mention de nervures latérales réticulées peu
évidentes sujettes à confusion, les auteurs
consultés ne sont d'ailleurs pas toujours d'accord. J'y ai donc renoncé.
Le fruit peut être lisse, veiné en réseau, hérissé de longs aiguillons (Succowia balearica), bosselé (Erucastrum, Hesperis).
Il se termine en bec plus ou moins long (voire nul) conique ou plat
(Eruca sativa, Sinapis). Celui de Matthiola tricuspidata est
surmonté de 3
petites cornes.
En fonction du profil de la silicule on peut distinguer :
- Profil latéral oval :à section ronde : silicule ovoïde.
- Profil élargi au sommet : si la section est circulaire la silicule a une forme de petite poire, de toupie (Camelina)
la silicule peut être comprimée en forme de triangle sommet en bas, échancrée au sommet (Capsella)
-
Les 2 loges ressemblent à 2 lentilles accolées et la silicule est
échancrée à la base et au sommet en forme de paire de lunettes
dit-on habituellement : Biscutella.
Enfin la silicule peut être plus ou moins ailée tout autour ou principalement
en tête, échancrée ou non en tête et à la base; sa surface est lisse
ou rugueuse, rude, couverte de tubercules (Bunias orientalis) , veinée en
réseau, avec ou non une ou plusieurs nervures dorsales.
Cas particuliers:
En résumé :
- les fruits à 1 loge et ceux à plusieurs loges disposées en colonne quel que soit leur nombre, qu'ils soient silique ou silicule selon leur longueur, sont indéhiscents; au plus s'ils sont lomentacés les loges se détachent séparément;
- seuls les fruits composées de 2 loges verticales contiguës et munis de valves, qu'ils soient silique ou silicule, sont déhiscents;
- la notion de déhiscence n'apporte donc rien de plus dans des clés de détermination qui utilisent par ailleurs l'organisation interne du fruit.
Graine
ailée ou non; sphérique, ovoïde ou lenticulaire, ....
La graine étant exalbuminée l'embryon occupe tout le volume. Au lieu d'être
alignée avec la tigelle et la gemmule, la radicule est repliée sur les
cotylédons soit sur la
ligne commisurale, soit sur le dos des cotylédons.
Pour satisfaire la curiosité voici les configurations possibles :
Profil latéral / coupe verticale |
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Interface des cotylédons plane: la graine est platylobée. |
Radicule rabattue sur la ligne commissurale: les cotylédons sont accombants et la graine est pleurorhizée |
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Radicule rabattue sur le dos d'un des cotylédons : les cotylédons sont incombants et la graine est notorhizée. |
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Interface des cotylédons en gouttière : la graine est orthoplacée. |
Radicule rabattue sur le dos d'un cotylédon (dans le creux) les cotylédons sont condupliqués. |
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Cotylédons allongés et repliés. |
en accordéon : graine diplicolobée |
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en spirale : graine spirolobée. Bunias, Subularia |
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Il peut être amusant et utile de
reconnaître ces configurations, dans bien des cas cela est plus facile que de
rechercher la disposition du
sclérenchyme dans les feuilles
d'innovations des Festuca!
Enfin les cotylédons peuvent être entiers ou divisés en 2 lobes au sommet (Brassica).